Publiée le 2 févr. 2013
Saisir la réalité quand elle semble inaccessible, contourner la voie officielle quitte à utiliser des caméras cachées... Si le procédé a fait polémique, « les Infiltrés » n'ont pas jeté les armes. Le magazine d'investigation de France 2 revient avec une troisième saison, présentée par Marie Drucker (qui succède à David Pujadas).
Pour le premier des quatre numéros, suivi d'un débat, les journalistes de l'agence Capa ont infiltré Pôle emploi afin de montrer le quotidien des conseillers. Agents dévoués mais en sous-effectif et obligés de s'occuper de 150 chômeurs chacun, fichier réservé aux demandeurs d'emploi dits « incasables » dont personne ne s'occupe : la preuve par l'image confirme le constat de différents rapports.
Deux reporters ont réussi à se faire embaucher en CDD dans deux agences, dont l'une dans le Sud. Aucune vérification de leur CV n'a été opérée. « Les agences débordées avaient besoin de recruter rapidement. On s'est engouffré dans la brèche, avance Dorothée Cochard, journaliste de Capa. Il était essentiel de vérifier que ce que l'on constatait dans une agence était représentatif. Pôle emploi est une institution où il est compliqué d'obtenir une parole libérée. Tout l'intérêt est d'aller voir ce qu'il s'y passe sans le filtre de la communication. » Dorothée Cochard a mené l'enquête et, en parallèle, a demandé pendant quatre mois à Pôle emploi de suivre un conseiller. En vain.
« J'étais très présente auprès des infiltrés le matin et le soir pour faire le point sur la journée et établir un plan pour le lendemain, ajoute la journaliste. Ce magazine est l'un des plus polémiques du PAF. On se pose donc encore plus de questions, on se demande à chaque fois si l'on pourrait avoir la même chose sans caméra cachée. » La CGT de Pôle emploi s'est émue du procédé, pointant la mise en danger des conseillers filmés à leur insu. Mais Guylaine Loquet, directrice de la rédaction de Capa, rassure : « Notre travail est de protéger ceux qui témoignent sans le savoir. »